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Carnet de bord d'un marin pêcheur
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24 avril 2007

Nettoyage et pestilence

Nettoyage Pour finir rapidement avec le poisson, ce que va donner la pêche ne se mesure pas à la quantité mais à la qualité du poisson. Les poissons nobles comme les poissons plats (sole, limande, plie, saint-pierre, turbot) le bar et la lotte sont rentables même en « petites » quantité, le chien (petit requin). En revanche affaler des tonnes de rougets ou de chiens (petits requins) ne rapportera pas grand-chose. Il y a aussi des espèces dont certains représentants ne vaudront rien et d’autres seront plus rentables (par ex : la daurade royale se vend bien mais la daurade grise ne vaut pas tripette par rapport à elle). Nous avons donc terminé le tri : le poisson est en vrac mais par espèces dans les bacs. Il va falloir maintenant le vider et le nettoyer. Le vider s’apprendra avec le temps, en tant que jeune matelot on commencera uniquement par le nettoyage. Et nous allons retrouver une vieille amie : la lotte. Autant le dire tout de suite : elle va nous fracturer les roupettes de A à Z. En effet, la baudroie ouverte a une odeur abominable, entre le munster, le rat crevé et les égouts (mais qu’est-ce qu’ils bouffent ces bestiaux ?). Je m’en voudrais d’insister mais c’est bien ce que j’ai croisé de plus pestilentiel dans ma vie : en embarquant, l’odeur de poisson et de gas-oil est déjà prenante quand on n’est pas habitué mais on s’aperçoit que ce n’était que de légères traces restantes. Un vague sillage de channel n°5 en comparaison. Quand on est déjà malade comme un chien à la base, les choses ne s’arrangent pas des masses. Pour le nettoyage donc, des manchettes (tuyaux de faible diamètre) sont disposé sous le pont couvert ; il suffit d’en récupérer un et de faire le lavage sans oublier de brosser les dents et de shampouiner la moquette. Le petit soucis rencontré est que, lorsqu’ils étaient dans le parc, les poissons baignaient dans l’encre de seiche. Nous aussi d’ailleurs et parfois ces facétieuses bébêtes vous envoient un jet d'encre en plein dans votre faciès réjoui. Le poisson est donc recouvert d’encre qu’il faudra nettoyer. S’ils ont une grande gueule, il faudra aussi nettoyer l’intérieur de la gueule et si ce sont des poissons de fond (comme la lotte, toujours elle…) il faudra ôter le sable qui est dans leur gueule et s’est mélangé à l’encre. Certains poissons sont ouverts (donc nettoyage de l’intérieur en plus) d'autres non. La raie est couverte d’un mucus gluant à éliminer en plus de l'encre. Elle a d’ailleurs la particularité d’aspirer l’encre dans les voies respiratoires et de la restituer après. Ce qui fait que 30 secondes après le passage au polish, elle se retrouve de nouveau noire. Au fur et à mesure, stockage dans les bacs, toujours par espèces et par taille. C’est la partie ludique avec les gros poissons comme les lottes. Certaines ne rentrent pas entières dans les bacs alors on cherche la combinaison idéale (alors la grosse comme ça avec les deux petites comme ça. Ah bah non avec la moyenne comme ça, plutôt? Tiens j'avais pas vu celle là, ça va être parfait.). Bref, on s’amuse comme on peut. Les petits poissons, eux, sont rangés comme au parking, debout et en épis. Le problème survient quand on a presque fini la rangé et qu’ils se mettent tous sur le flanc comme des domino à cause d’une vague ou d’un changement de cap. Ou quand un bar toujours vivace donne un grand coup dans l’ensemble. Ensuite on empile tout ça avant de les affaler dans la cale. Mais avant, trois épreuves sont encore à passer : l’inspection, le débarrassage et la stabilité. Tout d’abord l’inspection : quand on est novice le bosco passe derrière pour vérifier si le poisson est nickel car le prix de vente en dépend. Du sable dans la gueule d’une lotte (eh oui) ou une raie qui a dégorgé trop d’encre et on repart à la case départ, sans toucher 20 000F. Ensuite le premier coup de balai et la stabilité. Mais là, c’est suite au prochain numéro.
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