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Carnet de bord d'un marin pêcheur
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Carnet de bord d'un marin pêcheur
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25 juillet 2006

Supplice de la cale

En des temps reculés, nos ancêtres embarqués avaient une pratique singulière pour châtier l’impudent ayant osé critiqué la coupe de la barbe du capitaine (essayez de vous raser par force 7 aussi ) ou formulé des doutes quand aux relations entre le second et les moutons du bord. Le principe en était simple : on prend un bout (pas du mouton, un bouteuh, une corde) qu’on fait passer sous la coque. Puis on en attache un bout (du bout, une extrémité quoi) au jambes du supplicié et l’autre aux mains. En halant dessus on fait passer coulisser le tout autour de la coque du bateau comme un bracelet autour d’un poignet, avec le condamné en guise de fermoir, c’est tellement plus chic. Sachant le nombre de coquillages à faire du stop sur les coques des navires de l’époque, le tout vaut bien un gan de crin. Ce procédé fut cependant considéré comme un brin trop facétieux et interdit par la suite. MAIS, car il y a un mais, ce supplice est sournoisement revenu au service. Il s’agit aujourd’hui de choisir un novice à son premier embarquement. Une fois qu’il a tourné au vert pomme, mettez lui une éponge dans les mains et un seau d’eau chaude dans l’autre. Descendez le tout dans la cale à poisson. Remuez le tout généreusement par une mer un peu formée et laissez mijoter dans l’arôme puissant du poisson vieillissant à fond cale depuis la construction du canot. Il s’agit alors de nettoyer le tout à grand coup d’eau chaude. L’eau chaude, l’odeur pénétrante des restes de cargaison, le lieu confiné, le fait d’être dans les bas fonds du canot sont des éléments curieusement perçus comme agressif par la physiologie humaine. Si on y rajoute l’effort physique pour astiquer tout ça et, lorsque on a été suffisamment idiot pour commencer en pleines tempêtes de décembre, l’effort pour se maintenir debout cela fini tout de même par devenir tout de même désagréable. Pour en terminer avec ce mal de mer, il est certain qu’il est assez pénible lorsqu’il empêche de prendre toute nourriture (perdre 8kg en deux semaines fut mon modeste premier record, mais certains curistes pourraient être interessés) mais aussi lorsqu’il faut travailler nuit et jour. Toutefois tout ceci n’est pas si tragique, d’une part on finit par s’amariner, d’autre part en se bottant soi-même proprement l’arrière train et en faisant appel à un peu de volonté on arrive facilement à surmonter tout ça. Beaucoup de choses sont question d’un peu de volonté, à terre comme en mer. NDT : L'auteur m'ayant intelligeamment envoyé la même image pour les deux articles, nous attendrons son retour pour voir l'article illustré.
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